La direction du constructeur a obtenu plus de flexibilité, les syndicats la fin du gel des salaires.

La « co-construction », c'est possible. Après deux petits mois de négociations, la direction de PSA et cinq syndicats (FO, CFE-CGC, CFTC, CFDT et GSEA) ont signé un accord d'entreprise. Baptisé « Nouvel élan pour la croissance », ce « pacte » se veut la version sociale de Push to Pass, le plan dévoilé en avril par Carlos Tavares, le patron du constructeur automobile. En résumé, le texte offre plus de flexibilité contre un retour limité des embauches et des augmentations.

Cinq syndicats sur six, c'est une « première », clame Xavier Chéreau, le DRH de PSA. « Environ 80 % des salariés sont représentés par ces organisations. Cela n'a été rendu possible que par la confiance entre les parties », pointe le DRH, louant un « nouvel état d'esprit ». Le constructeur dispose d'un comité paritaire stratégique, où les syndicats sont mis au parfum des affaires de la maison. « Il y a peu, la direction nous a montré les maquettes en carton de tous les prochains véhicules », raconte Christian Lafaye, chez FO.

En interne, les choses ont bien changées depuis la signature du précédent accord, en 2013. Celui-ci avait été validé par 4 syndicats au pied du mur - les mêmes sauf la CFDT. « PSA perdait 7 millions par jour. Cette année, le groupe gagne entre 3 et 4 millions chaque jour. En 2013 on sauvait, aujourd'hui on pérennise », lance Christian Lafaye.

En résumé, le document confirme des engagements déjà pris par la direction (un million de voitures assemblées en France, un nouveau véhicule par usine dans l'Hexagone, 85 % de la R&D dans le pays), et ajoute quelques nouveautés. A commencer par le retour des embauches en CDI : le groupe veut intégrer 1000 salariés en trois ans, avec 6000 emplois jeunes en prime.

Les effectifs vont encore baisser

C'est loin d'être énorme, mais PSA ne recrutait que quelques centaines de personnes à l'année ces derniers temps. « C'est la poursuite des suppressions de postes », déplore la CGT, qui a participé aux discussions sans signer l'accord, jugé « honteux ». De fait, les congés senior sont maintenus - 2500 sur trois ans.« Au bout, le solde des effectifs va forcément évoluer », confirme Serge Mafi, de la GSEA. Avec 54649 salariés en France fin 2015, PSA a perdu 7200 postes depuis 2013, et cela devrait continuer.

Autre sujet sensible, les externalisations. Celles, récentes, d'une partie de la direction informatique et des activités de roulage ont remué certains syndicats. « Nous avons désormais un accord de méthode sur le sujet, qui nous permettra d'être au courant en amont des décisions », explique Serge Mafi.

« Nous avons signé car l'équilibre de l'accord est acceptable »

Concernant la rémunération, le gel des salaires est mis de côté, laissant place à des augmentations supérieures d'au moins un pourcent à l'inflation. Le calcul de l'intéressement et l'assiette du variable ont également été modifiés. « Il était important d'associer davantage les salariés aux résultats du groupe », souffle Franck Don, à la CFTC. En mars, la révélation du niveau de rémunération de Carlos Tavares avait secoué le personnel.

En échange, la direction de PSA pourra s'appuyer sur une souplesse accrue dans les horaires. Les équipiers passeront bientôt en +8/-12 : ils pourront travailler 8 jours de plus par an, et rester chez eux 12 jours en cas de chômage technique, à salaire égal ou presque. En ce moment, le taux d'utilisation des usines françaises avoisine les 105 points (sur une base à deux équipes), et le nombre d'intérimaires dépasse les 5000. « Il ne fallait pas plus de flexibilité sans amélioration des conditions de travail. Cette fois-ci, nous avons signé l'accord car son équilibre est acceptable », estime Christine Virassamy, à la CFDT. Avant de se prononcer, celle-ci a fait un référendum auprès de ses troupes. Résultat ? Pour à 88 %.

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