La colère gronde dans les réseaux Peugeot et Citroën. Les réparateurs agréés des deux marques ne digèrent toujours pas la récente proposition du constructeur, qui les incite à devenir prestataires pour Mister Auto. Rapide rappel des faits : le 26 mai dernier, les RA1 des deux réseaux reçoivent un courrier surprenant de la division Pièces et Services France de PSA les invitant à devenir centres de montage du site de vente de pièces détachées en ligne, dont l’acquisition a été finalisée en février dernier.
En parallèle, ceux-ci découvraient la commercialisation par le pure player de leur gamme de pièces multimarque Eurorepar à des prix défiant toute concurrence, et notamment la leur... Un véritable coup de poignard dans le dos des réseaux primaires et secondaires, qui voient dans cette initiative une complète remise en cause de leur modèle économique après-vente. « C’est une très désagréable surprise… On a le sentiment d’une décision à l’emporte-pièce », confirme Philippe Debouzy, agent Citroën à Noiseau (Val-de-Marne) et président de la branche des agents artisans du CNPA. « Quid de la responsabilité juridique ? Technique ? Nous avons investi pour vendre de la pièce d’origine, et tout est remis en cause », se plaint un concessionnaire Peugeot francilien qui préfère garder l’anonymat.
Au-delà de la soudaineté de la décision, les RA1 Peugeot et Citroën s’interrogent sur les réelles motivations du constructeur. Dans une conjoncture difficile pour le marché automobile, l’après-vente reste la seule planche de salut pour les réseaux de marque. « La pièce, c’est 50 % de notre panier après-vente. Autrement dit, nous pourrions perdre la moitié de notre chiffre d’affaires », déplore Philippe Debouzy. La pilule est d’autant plus dure à avaler que les réseaux PSA ont dû abandonner leur activité de stockiste avec la résiliation des contrats de DOPR (distributeurs officiels de pièces de rechange), annoncée en février dernier.
Alors que la grogne monte dans les rangs des réparateurs agréés, l’heure est plutôt à la discrétion avenue de la Grande-Armée. La direction de PSA a prévu de rencontrer les groupements des agents et concessionnaires de ses deux marques le 17 juin pour aborder ce sujet épineux. Sur le papier, les intentions du constructeur sont plutôt louables puisque ce partenariat avec Mister Auto est censé aider les RA1 à retrouver une clientèle qui déserte leurs ateliers… « Le monde de la distribution PR évolue en permanence, et celui de la vente de pièces sur Internet se développe très rapidement. Ce nouveau canal de distribution est appelé à une forte croissance dans les prochaines années car il répond à une demande des propriétaires des véhicules de plus de 8 ans, qui ne fréquentent pas les réseaux des constructeurs », souligne le groupe dans son courrier.
Les réparateurs Peugeot et Citroën craignent néanmoins de faire les frais de cette stratégie et entendent faire front commun pour défendre leurs intérêts. Les échanges promettent d’être houleux.