Le Japon favorise le diesel. Des aides gouvernementales incitent à l'achat d'un modèle à gazole pour lutter contre le CO2. La Peugeot 508 diesel y sera vendue au 1er janvier 2016.
Les politiques vilipendent le diesel en France. Puisque c’est ainsi, PSA Peugeot Citroën va vendre des véhicules à gazole au… Japon, un marché jusqu’ici pourtant totalement réfractaire. Mais les japonais redécouvrent justement les vertus du diesel, pour réduire les émissions de CO2. Quel paradoxe ! « La Peugeot 508 diesel est ainsi en cours d’homologation et sera commercialisée au Japon dès le 1er janvier 2016 », selon une porte-parole du groupe tricolore. « Elle sera suivie par la Peugeot 308, le C4 Picasso et la DS5 début 2016 ». Certes, les ventes seront faibles, de quelques centaines par an. Mais la décision est symbolique, en plein débat franco-français.
L’image du diesel au Japon s’était écroulée à la fin des années 90 suite à une campagne du «Tokyo Metropolitan Government » visant à en décourager l’usage. En 2005 le taux de véhicules particuliers diesels était tombé à 0,04 % des ventes. Mais, depuis 2010, l’image du diesel change au Japon, pays dépourvu de sources d’énergie et particulièrement sensibilisé aux émissions de gaz à effet de serre (protocole de Kyoto entré en vigueur en 2005).
Aussi, « grâce aux nouvelles technologies dont ils bénéficient, les nouveaux diesels propres (ndlr : aux normes proches de celles actuellement en vigueur en Europe) sont désormais considérés comme des véhicules écologiques (…) et sont encouragés pour diminuer l’empreinte CO2 du Japon notamment avec des bonus fiscaux », indique un document interne du groupe PSA Peugeot Citroën. Du coup, « le nombre de modèles commercialisés est passé de 4 en septembre 2010 à 28 en juin 2015, dont 17 Mercedes et BMW ». Les constructeurs nippons, qui offrent des diesels à l’étranger, commencent aussi à immatriculer des modèles à gazole dans l’archipel, comme Mazda.
Les pouvoirs publics nippons offrent en effet un dispositif fiscal favorable depuis le printemps dernier, qui dispense les véhicules écologiques, dont le diesel propre, de deux taxes et réduit de 75 % la troisième (« Automobile Tax »). A titre d’exemple, un véhicule compact diesel bénéficie de 150.000 yens de bonus, soit 1.000 euros. Un peu à la mesure des bonus écologiques français qui ont longtemps favorisé les diesels au nom de la lutte contre le CO2...
Les ventes de diesels ont progressé au Japon de 80% entre 2012 et 2014 à un peu moins de 75.000 unités. La part de ce segment représente 5,7 % du marché total des ventes, selon PSA. Le parc diesel de véhicules particuliers en circulation représente toutefois encore moins de 1%. Mais l’objectif affiché du gouvernement est qu’il atteigne entre 5 et 10 % du parc en 2030.
Le diesel est en effet meilleur que l’essence sur le plan de la lutte contre le réchauffement climatique. Car une voiture à gazole consomme 15% de moins qu’un modèle à essence et rejette donc…15% de CO2 en moins, les deux étant corrélés. Donc, le diesel permet d’atteindre plus facilement que les voitures à essence les objectifs d’abaisser les rejets moyens de CO2. Problème : les diesels émettent intrinsèquement, en revanche, des particules et des oxydes d’azote, ses deux points noirs traditionnels.
Tous les véhicules diesel sont toutefois vendus avec un filtre à particules depuis janvier 2011 en France. Et les nouveaux moteurs à essence ultra-sophistiqués pour consommer moins émettent également des particules, alors que les moteurs à essence antérieurs n’en rejetaient pas. Du coup, les deux motorisations sont à égalité aujourd’hui. Par ailleurs, avec les nouvelles normes d’antipollution européennes Euro 6 de septembre 2014, les oxydes d’azote - nocifs - sont très sévèrement réglementés. Les valeurs autorisées sont désormais globalement les mêmes que pour les mécaniques à essence. Mais le diesel conserve une mauvaise image, due aux vieux véhicules encore largement en circulation dans l’Hexagone.