Est-ce une fuite ou tout simplement une erreur de la part de la direction ? L'annonce, aussitôt démentie, qu'une fermeture dès 2013 du site de PSA Aulnay serait envisagée n'a même pas surpris les ouvriers présents dans les ateliers de l'usine ce mercredi.
Dans les rangs, certains ont élevé la voix criant au "scandale", selon le SIA, premier syndicat de l'usine ou au "chantage" conspué selon le délégué CGT Jean-Pierre Mercier. Selon Brahim Loujahdi, délégué CFTC, la direction serait tentée de "préparer le terrain". "C'est honteux ! S'ils font ça, ça veut dire qu'ils ne vont rien respecter de ce qui est prévu dans le plan social et dans les mesures d'accompagnement des salariés", notamment les reclassements prévus pour les quelque 2.600 salariés. "Ca va encore saper le moral des gars sur le terrain, ça met la panique", regrette Tanja Sussest, déléguée du SIA, qui renvoie dos à dos CGT et direction. "On a l'impression qu'ils sont de mèche et travaillent main dans la main pour fermer le site au plus vite", affirme-t-elle.
D'autres ouvriers se montrent sceptiques face au démenti de la direction. "Pour être honnête, on n'est pas surpris. On voyait le truc venir depuis plusieurs semaines", reconnaît Fabien Gustave, entré à PSA en 2001. "A mon avis, ils vont fermer pendant l'été (où l'usine ferme pendant plusieurs semaines, ndlr), ni vu ni connu. Comme ça il n'y aura pas de tension." "La direction peut dire ce qu'elle veut, on ne la croit plus, confie Azzedine Grari, un autre ouvrier. L'année dernière, trois semaines avant l'annonce du plan social, ils répétaient encore que la fermeture d'Aulnay n'était pas d'actualité".
"Ca sert à quoi que je reste?"
Pour certains, cette fermeture précoce serait presque un soulagement. "Entre vous et moi, si ça ferme plus tôt, ça ne serait pas plus mal. De toute façon, tout est bloqué. Et l'ambiance est pourrie", ajoute un non gréviste qui souhaite rester anonyme. "L'usine est déjà morte. Regardez autour de vous: ça ne tourne pas, c'est fini!", s'exclame Azzedine Grari, en désignant les carcasses de voitures suspendues, immobiles, aux rails de la chaîne de montage. "Ca sert à quoi que je reste?", s'interroge un non gréviste. Une semaine sur deux, une équipe est déjà en chômage partiel. "Je n'ai qu'une hâte, c'est de partir. Je veux pouvoir réorganiser ma vie, il va falloir que je quitte mon appartement", ajoute ce salarié qui veut partir à Poissy (Yvelines).
En marge de l'assemblée générale, le président du directoire Philippe Varin a confirmé la mise en oeuvre de négociations sur la compétitivité du groupe, qui commenceraient "en mai", espérant trouver un accord "à l'automne". PSA emboîtera ainsi le pas à son concurrent Renault, qui a signé en mars dernier un accord avec trois syndicats français.
A l’occasion du Comité Central d’Entreprise qui s’est tenu aujourd’hui, 5 organisations syndicales sur 6 - CFE/CGC, CFDT, CFTC, FO et SIA/GSEA - ont donné un avis favorable sur les mesures d’accompagnement du plan de réorganisation industrielle de PSA Peugeot Citroën.
Des Comités d’Etablissement vont être organisés dans les jours qui viennent sur l’ensemble des sites concernés du Groupe en France.
A l’issue de ces Comités, les mobilités pourront commencer.